Lutte intégrée

Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et l'OILB (Organisation Internationale de Lutte Biologique), la lutte intégrée ou protection intégrée est définie comme étant la  " conception de la protection des cultures dont l'application fait intervenir un ensemble de méthodes satisfaisant les exigences à la fois écologiques, économiques et toxicologiques en réservant la priorité à la mise en œuvre délibérée des éléments naturels de limitation et en respectant les seuils de tolérance ". La lutte intégrée repose sur le principe de limiter voire supprimer le recours aux pesticides chimiques de synthèse et d'associer l'ensemble des moyens de lutte disponibles pour protéger les cultures contre leurs ennemis de façon durable.

 

En effet, l'utilisation abusive des pesticides chimiques de synthèse pose problème :

 

-          Danger pour l'environnement (risque de contamination de l'eau et du sol, dépréciation de la biodiversité …) ;

 -          Danger pour la santé humaine provoqué par les manipulations et la consommation des produits traitées ;

 -          Augmentation des charges d'exploitation à court terme et à long terme de façon croissante.

 

Ainsi, différentes techniques de lutte intégrée sont désormais utilisées sur le terrain.

 

 

La lutte agronomique

 

La lutte agronomique consiste à mettre en œuvre de bonnes pratiques culturales pour prévenir l'arrivée ou la dissémination des ravageurs et des maladies.

 

 *      Utiliser des semences et des plants de qualité ;

 *      Réaliser des pépinières pour produire des plants sains et vigoureux ;

 *      Préparer le milieu de culture pour augmenter la vigueur des plants ;

 *      Entretenir les cultures pour éviter les contaminations et les risques de propagation ;

 *      Mettre en valeur la diversité des cultures et leurs complémentarités dans l'espace et le temps ;

 *      Respecter les saisons et les bonnes pratiques culturales.

 

 

La lutte physique

 

La lutte physique consiste à mettre en place des barrières physiques et des pièges pour empêcher l'invasion de la culture par les ravageurs et leur dissémination.

 

 *      Une clôture pour protéger le jardin des animaux en divagation ;

 

Une barrière en bois, d'une hauteur de 40 cm environ, a été installée le long du système d'irrigation de la zone de passage des troupeaux de bœufs. En effet, en période de transhumance, des bœufs ont piétiné et détérioré des tuyaux. La construction de cette barrière permet de concilier protection du matériel et circulation du bétail.  

  

*      Des pièges pour capturer, déstabiliser ou repousser les ravageurs ;

*      Un ramassage des ravageurs ; les tuer avant infestation.

 

 

La lutte biologique

 

La lutte biologique consiste à utiliser des organismes vivants pour prévenir ou réduire les dégâts causés par des ravageurs. Elle est un moyen de limiter un ennemi donné par son prédateur naturel qui devient un auxiliaire du jardinier.

 

Les auxiliaires se nourrissent des ravageurs des cultures. Plusieurs auxiliaires sont présents sur le terrain :

 

-      Les coccinelles sont les prédateurs naturels des pucerons. Chaque coccinelle mange au moins 50 pucerons par jour ;

-       Les libellules comptent parmi les plus dangereux prédateurs des insectes. Elles dévorent chenilles, vers, mites, papillons, cochenilles et tout autre insecte qui auraient le malheur de croiser leur route ;

-         Les oiseaux insectivores se nourrissent des adultes volants et des larves parasitant les plantes (chenilles par exemple) ;

 -         Les crapauds se nourrissent, entre autres, de limaces.

 

 Certaines plantes sont les alliées du jardinier pour lutter contre les insectes parasites et ravageurs et les éloigner des plantations. Ces plantes dégagent des substances qui déplaisent aux ravageurs et les font fuir. Ces substances sont émises selon les cas par leurs racines, leur feuillage ou leurs fleurs.

 

A Assome, le basilic est associé à la tomate en raison de son fort pouvoir répulsif contre les mouches, moustiques et son effet protecteur contre le mildiou et les nématodes. Cette technique de compagnonnage est un moyen préventif d'éviter ou de limiter la propagation des maladies.

 

Le basilic s'associe également parfaitement avec les poivrons, piments et aubergines.

 

 

La lutte par traitements phytosanitaires naturels

 

La lutte par traitements phytosanitaires naturels consiste à éliminer les ravageurs par le recours aux bio-pesticides.

 

Les traitements phytosanitaires naturels mettent en œuvre des matières actives obtenues à partir de préparations à base de plantes ou autres minéraux tels que les produits cupriques ou soufrés (bouillie bordelaise), les cendres … Ces préparations peuvent agir de différentes manières :

 

-        Répulsion : par leur odeur ou leur présence les produits dressent une barrière qui repousse les parasites, ex.: solution insectifuge, épandage de cendre … ;

-     Inhibition de la reproduction : certaines matières actives agissent sur la reproduction des parasites, empêchant ainsi leur invasion, ex : phéromones (pièges), extraits de clous de girofle (inhibiteur direct de la reproduction), huile de neem (inhibiteur de développement et de croissance de certains insectes) ;

-      Émission de bio-fumigants (acides organiques volatiles) résultants de la décomposition de la matière organique, ex : feuille de moringa, fumier de ferme …

 

Ces bio-pesticides présentent des avantages comparativement aux produits chimiques de synthèse. En effet, les matières actives industrielles utilisées pour la fabrication de produits phytosanitaires sont souvent nocives pour l'environnement et pour l'Homme, puisque toxiques et difficilement dégradables.

 

D'autre part, l'importance des coûts liés à l'utilisation de ces produits de synthèse peut réduire sensiblement la rentabilité des cultures.

 

Plusieurs plantes sont présentes et utilisées sur le terrain comme bio-pesticides :

 

-         Le neem (feuille et fruit) pour son effet insecticide : très efficace contre les chenilles et les larves des coléoptères, les mouches mineuses, les criquets et les cicadelles ;

 -          Le papayer (feuilles) pour son effet fongicide : la préparation traite contre différentes maladies : oïdium et rouille

 

Un autre traitement à base de cuivre, utilisable en agriculture biologique, est employé spécialement sur les cultures maraichères et fruitières. L'action de la "matière active" (ion Cu2+) se manifeste sur divers sites de l'activité cellulaire (la respiration et la perméabilité membranaire) des micro-organismes, des champignons et des bactéries. Ce caractère multi site prévient les risques d'apparition de souches résistantes. Ce traitement préventif est à renouveler tous les 7-14 jours selon les conditions climatiques.